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Pour l'avenir de l'humanité: Politique climatique avec l'énergie nucléaire

Lettre ouverte aux responsables politiques en Allemagne et en Belgique

Nous écrivons cette lettre ouverte avec une profonde préoccupation pour les générations futures et le monde vivant. En brûlant des combustibles fossiles et en émettant des gaz à effet de serre, nous provoquons le réchauffement de la planète, acidifions les océans et menaçons les régions côtières en augmentant le niveau de la mer. Les conséquences risquent d'être profondes, auto-renforçantes et potentiellement irréversibles. Nous sommes convaincus que nous pouvons éviter les pires risques et façonner un avenir positif grâce à la science et à l'utilisation judicieuse de tous les moyens à notre disposition.

Pour maintenir le changement climatique dans des limites gérables, nous devons sortir de l’utilisation des combustibles fossiles dès que possible. Au moins depuis le rapport scientifique américain Charney de 1979[1], nous savons que le doublement de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère entraînera un réchauffement planétaire de 1,5°C à 4,5°C. Nous savons également depuis des décennies que les combustibles fossiles causent des dizaines de milliers de décès par pollution atmosphérique. Cependant, le mouvement écologiste de l'époque ne protestait guère contre les centrales au charbon, mais plutôt contre les centrales nucléaires, les considérant comme une menace inacceptable pour l'humanité et la planète.

Cette évaluation s'est révélée être une erreur tragique. De toutes les grandes sources d'énergie, si l'on tient compte du cycle de vie complet de la source, l'énergie nucléaire est l'une des plus sûres, peut-être la plus sûre[2,3]. Beaucoup plus de personnes sont mortes prématurément à cause de l'exploitation normale des centrales à combustibles fossiles qu'à cause d'accidents nucléaires. Et puisqu'en réponse à la peur de l'énergie nucléaire, les gouvernements ont fermé les centrales nucléaires et les ont le plus souvent remplacées par des centrales à combustibles fossiles, le mouvement antinucléaire a causé beaucoup plus de dommages aux humains et à l'environnement qu'il n'en a empêché.

Cela vaut pour la Belgique et l'Allemagne. Rien qu'en Allemagne, l'utilisation de l'énergie nucléaire entre 1971 et 2009 a permis d'éviter entre 29 000 et 470 000 décès prématurés dus à la pollution atmosphérique[4]. Aujourd'hui, cependant, les gouvernements ferment prématurément les centrales nucléaires tout en continuant d'exploiter des centrales fossiles et même d'en planifier de nouvelles. Nous estimons que cela est inacceptable sur le plan éthique.

Les centrales nucléaires produisent encore environ un quart de l'électricité à faibles émissions en Allemagne et environ trois quarts en Belgique. Néanmoins, les autorités prévoient de fermer toutes les centrales nucléaires, en Allemagne d'ici 2022, en Belgique d'ici 2025. Ceci est le cas malgré le fait que leur fonctionnement est compatible avec une nouvelle expansion de l'énergie éolienne et solaire et qu’il contribue à un approvisionnement en électricité de base fiable et indépendante des conditions météorologiques et de l'heure. Selon l'état actuel des connaissances scientifiques, l'objectif d'une électricité sans émission est le plus susceptible d'être atteint si, en plus de l'énergie solaire et éolienne, une source de production indépendante de la météo et de l'heure, comme l'énergie nucléaire, est utilisée dans une large mesure [5].

La Belgique et l'Allemagne ont toutes deux élaboré des plans explicites pour la construction de nouvelles centrales à combustibles fossiles, à savoir des centrales à gaz. Il est vrai que ces centrales, comparées aux centrales au charbon, n'émettent qu'environ la moitié des gaz à effet de serre, les investissements dans de nouvelles centrales à combustibles fossiles rendent extrêmement improbable la décarbonisation complète de notre système énergétique d'ici le milieu du siècle. Cependant, cela est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de 1,5°C ou 2°C.

Nous pensons que l'urgence de la crise climatique est une raison suffisante pour abandonner la sortie du nucléaire.

Les soussignés en appellent aux décideurs politiques en Belgique et en Allemagne de:

  1. viser une industrie de l'énergie avec des émissions de CO2 nulles ou négatives au lieu de viser 100 % d'énergies renouvelables,
  2. suspendre la fermeture anticipée prévue des centrales nucléaires aussi longtemps que des centrales à combustibles fossiles seront en service,
  3. ne pas entraver politiquement l'expansion nécessaire de l'énergie nucléaire dans l'UE, mais pl tôt de la soutenir,
  4. ne pas construire de nouvelles centrales à combustibles fossiles et d'envisager de nouvelles centrales nucléaires lors du remplacement des centrales à combustibles fossiles.

Signataires initiaux:

Dr Maarten Boudry, philosophe des sciences, Université de Gand

Dr Dr Simon Friederich, philosophe des sciences, Université de Groningue, Conseil d'administration de l'Ökomoderne e.V.

Kirsty Gogan, PDG d'Energy for Humanity

Prof Dr James Hansen, climatologue, Université Columbia

Prof Dr Dr Rafaela Hillerbrand, philosophe des sciences et éthicienne de la technologie, Institut de technologie de Karlsruhe

Mark Lynas, auteur et militant écologiste

Iida Ruishalme, biologiste, blogueuse sur Thoughtscapism.com et Mother for Nuclear

Amardeo Sarma, ingénieur électricien et leader du mouvement sceptique et rationaliste mondial

Dr Anna Veronika Wendland, historienne de l'Europe de l'Est et de la technologie, Marburg/Leipzig

Les signataires initiaux agissent sous leur propre responsabilité et ne parlent pas au nom des organisations dans lesquelles ils travaillent de manière professionnelle ou bénévole. Il en va de même pour tous ceux qui se joignent à cet appel.

Literature

[1] Charney, J. G. et al. (1979), Carbon Dioxide and Climate, A Scientific Assessment. Report of an Ad Hoc Study Group on Carbon Dioxide and Climate to the Climate Research Board, Assembly of Mathematical and Physical Sciences, National Research Council.

[2] Anderson, K. et al. (2013), A Review of Research Relevant to New Build Nuclear Power Plants in the UK (commissioned by Friends of the Earth UK). Tyndall Centre, University of Manchester, https://www.foe.co.uk/sites/default/files/downloads/tyndall_evidence.pdf.

[3] Markandya, A. et Wilkinson, P. (2007), Electricity generation and health. The Lancet, 370(9591), 979-990.

[4] Kharecha, P.A. et J. E. Hansen (2013), Prevented mortality and greenhouse gas emissions from historical and projected nuclear power. Environmental Science and Technology, 47, 4889-4895.

[5] Jenkins, J. D., M. Luke et S. Thernstrom, (2018), Getting to zero carbon emissions in the electric power sector. Joule, 2(12), 2498-2510.

[6] Lelieveld, J. et al. (2019), Cardiovascular disease burden from ambient air pollution in Europe reassessed using novel hazard ratio functions. European Heart Journal (2019) 0, 1–7.

Vous pouvez signer la pétition directement ici.